Haute Ecole Charleroi-Europe - Département de formation des Educateurs Spécialisés
Alain PIRARD : psychopédagogue, formateur, accompagnateur de projets et gestionnaire d'équipe

Rapport d'intervention du 13 mai 2006

Introduction

Cette introduction est l’occasion de vous redire mon plaisir d’avoir été invité à contribuer à la croissance de votre projet.
Vous trouverez donc un rapport formalisé de l’intervention effectuée.

Ma contribution a été centrée sur la recherche d’efficacité que peut avoir le site Internet dans le cadre d’un projet qui vise à développer une communauté européenne de recherche.

Ma démarche s’est déroulée en 3 phases :

• dans le cadre exposé précédemment, j’ai d’abord effectué une démarche de recherche d’objectif développé par le site en surfant simplement dessus ;
• ensuite j’ai tenté de situer les démarches de changements développées dans ce site au travers de ce qu’on pourrait appeler une échelle de niveaux d’intervention, une taxonomie pour être plus exact, sachant que plus l’intervention atteint des niveaux élevés, plus le changement risque d’être effectif ; à la suite, je précise quelques pistes que j’espère pertinentes et donc susceptibles de vous êtres utiles, et agréables aussi…

Restant à votre disposition, je vous adresse mes chaleureux souhaits pour la suite heureuse de votre projet au service de l’Europe humaine et environnementale.

Alain Pirard

Un site Internet : Pourquoi ?

En surfant sur le site, divers objectifs potentiels apparaissent.

• Identifier les partenaires : le site est un moyen de visualiser la communauté ; en effet, les partenaires apparaissent dans la rubrique ad hoc.
• Disposer d’une mémoire de la vie du groupe de recherche (de la communauté) : en effet, autant les rapports de rencontres que des activités de diffusion sont accessibles… (à l’étonnement du surfeur anonyme que je suis).
• Disposer d’une banque d’outils, des séquences : ces outils permettent à l’enseignant de bénéficier de ressources pour donner quelques séquences, ressources réunies dans le laboratoire virtuel, lequel semble être constitué d’une mutualisation des compétences contenues chez les différents partenaires.
• Disposer d’un espace d’échanges entre les « personnes du projet » :
  • entre partenaires : oui….
  • entre professeurs : il m’a semblé effectivement possible de réagir sur les outils proposés
  • entre élèves : cela apparaît avec des avis d’élèves
• Disposer d’un espace d’action qui intègre les dimensions environnementales, économiques et sociales (les 3 dimensions du développement durable reprises dans le site) : des expériences sont évoquées.
• Disposer d’un espace d’élargissement de la communauté de recherche : dimension recherchée…
  

Une taxonomie de niveaux d’intervention

Quelques repères

Afin d’aboutir à un changement efficace, les psychosociologues nous apprennent qu’une action limitée sur l’individu est limitée, voire même nuisible. Un participant, dans un échange, me disait qu’après un exposé sur l’impact des hydrocarbures brûlés par les véhicules, il vit une petite fille pleurer, déclarant alors que son père avait acheté un 4x4. On risque, dès lors, ce que les psychologues appellent, un conflit de fidélité qui anihilera l’objectif bravement poursuivi par son enseignant.

L’important est donc, au maximum, de « faire une communauté d’action » et donc de recherche, le site Internet ayant aussi cette fonction réalisable.

Afin de situer les possibilités de liens possibles, je me réfère donc à la taxonomie annoncée, laquelle contient au moins 5 niveaux.

• Le niveau individuel : on agit sur l’individu, par exemple grâce à un exercice de calcul de…
• Le niveau interpersonnel : les personnes doivent se parler et donc nous avons un premier lien qui peut consolider le changement
• Le niveau groupal : un travail de groupe, tel qu’il est suggéré dans le site correspond à ce niveau
• Le niveau institutionnel : nous sommes dans un niveau où l’institution parce qu’elle cadre et protège assure une plus grande pérennité des démarches de changements
• Le niveau éthique : tous les niveaux précédents s’expliquent par le souci de garantir des échanges justes entre les personnes et ente les générations ; en d’autres mots, c’est bien le positionnement éthique sous-jacent à relations qui justifient les autres niveaux. Concrètement, dans le cadre notamment de la pensée de Yvan Boszormenyi-Nagy, on se posera la question de savoir comment la personne peut participer à un échange utile qui lui donne dignité parce qu’il est utile autant pour sa génération que pour les générations passées et futures ?

Questions qui pourraient sembler éthérées mais qui peuvent trouver réponse dans le cadre du projet Climatic, lequel possède un objectif riche que ce qui pourrait paraître lorsqu’il est annoncé qu’il cherche à SENSIBILISER.

Des questions ouvertes ou fermées ?

Prenons une question bien concrètes évoquées en ce samedi matin : questions ouvertes ou fermées.
Trivialement, s’il suffit de donner les bonnes réponses, l’intérêt de cette entreprise est limité, et ce serait donner un fausse idée des expériences superbes évoquées autant dans le site que par les participants à ce groupe de recherche.

L’intérêt est de pouvoir être utile à l’autre si je me réfère au 5ème niveau (l’éthique) sachant que, plus la personne se situe dans un réseau, plus elle est incluse dans une communauté, laquelle étant destinée à être européenne.

Donc, l’intérêt est de prendre conscience ensemble de réalités, d’échanger des perceptions (voir les témoignages d’enfants), toutes choses où les personnes peuvent être utiles pour les autres… tout cela afin de devenir efficaces dans son environnement (et donc aidant). Combien d’enfants, qui dès qu’ils se sentent utiles, retrouvent dignité et donc succès !

Et pour être utile, il semble que des questions qui n’ont pas de réponses toutes faites (cfr échanges à propos de la BD) sont toutes indiquées.

Le développement de situations-problèmes est une des voix qui développe la nécessité d’une collaboration utile (cfr. Annexe 1).

Un questionnement des objectifs du site

A la lumière de ces quelques données, revoyons comment travailler les objectifs du site (rappelés ci-dessous.

Identifier les partenaires 

Sachant que l’objectif est bien de réunir une communauté visible selon des variables quantitatives (un certain nombre de pays et de partenaires) et qualitatives (des chercheurs, des élèves, des professeurs, et …. ????), il paraît intéressant que tous les partenaires puissent apparaître le plus tôt possible sachant que les institutionnels (4 ème niveau) sont aussi importants, à commencer par l’Europe, les directions impliquées…

• Une carte a été évoquée, laquelle pose la question du comment faire apparaître tous les groupes impliqués, sachant que le grattage dans le site révèle de très nombreuses initiatives et donc des centaines de personnes.
• Le droit à l’image a été invoqué : belle question, qui trouvera probablement réponse dans la création d’espaces intimes, semi-intimes ou publics si je me réfère à la terminologie concernant nos espaces de vie.

Disposer d’une mémoire de la vie du groupe de recherche (de la communauté) 

Dimension très forte de ce site qui peut cependant trouver une place plus définie dans un espace particulier.

Disposer d’une banque d’outils, des séquences 

Dimension très forte avec une apparente orientation vers des activités « de climatologie », les dimensions sociales et économiques étant peu apparentes au premier abord (avant le grattage)

Disposer d’un espace d’échanges entre les « personnes du projet » :

• entre partenaires 
• entre professeurs 
• entre élèves 

Cette dimension est en cours de réalisation semble-t-il ; je réinsisterai sur le fait qu’il me semblerait plus puissant au niveau du changement de mettre en évidence les communautés locales travaillant sur des recherches qui appellent d’autre communautés de recherche : une carte par recherche (cfr. situations-problèmes), par exemple.

Disposer d’un espace d’action qui intègre les dimensions environnementales, économiques et sociales

Le terme action est à développer ici : il va du coup de main donné dans une recherche à une action incluant des acteurs diversifiés de l’environnement, ceci afin d’inclure toutes les dimensions du développement durable. Et qui dit complexité, dit nécessité d’échanger en réseau.

Disposer d’un espace d’élargissement de la communauté de recherche

Actuellement, les personnes que je peux presque toucher quand je rentre sur le site me semblent peu visibles.
Aussi, sera-t-il intéressant d’avoir un espace d’accueil qui donne les modalités et les enjeux de ma rentrée dans la communauté.

A noter que le groupe avait évoqué la nécessité de faire connaître le site : est-ce par le Net que cela passe ? Pas sûr, le rapport humain, à la base, semblant essentiel.

Pour conclure

Au-delà de ces lignes, la rencontre m’a fait apparaître une richesse d’expériences, de rencontres et une quantité de travail assez impressionnantes et qui valent le respect.

J’ai conscience que ces propositions sont lourdes à réaliser en terme de travail. J’espère toutefois qu’elles respectent, et votre travail et vos objectifs.

En conclusion, je dirais qu’il me semble intéressant, même si, à l’arrivée le quantitatif est limité (on a pas atteint les XXX personnes), de développer une « science de l’action » au travers du travail communautaire entrepris ; en effet, la manière dont vous réussissez à « faire communauté » est très utile à compiler et à analyser, les difficultés étant liées à des variables qui sont bien liées à la réalité.
Et donc, au travers des obstacles à ouvrir ce travail, vous acquérez une expérience intéressante pour l’Europe : en effet, ce ne sont probablement pas des outils dont on manque le plus, mais probablement, de moyens, techniques et procédures… pour faire lien et ainsi construire une conscience collective, et de l’Europe, et de ses enjeux, dont ceux liés à l’environnement.

Annexe 1 : A propos du questionnement ou situation-problème

A partir de la grille d’analyse développée par Ardoino.

Psychopédagogue, formateur, accompagnateur de projets et gestionnaire d’équipe. A effectué la présente intervention à partir, principalement, de ses domaines de compétences liés à la dynamique de changement dans le cadre des réseaux de savoirs, et acquis, notamment, dans le cadre de l’expérience acquise au niveau de la gestion de Recherches-Actions.

Niveau développé par les tenants de l’Approche Contextuelle dont le fondateur marquant est Yvan Boszormenyi-Nagy

De Vecchi G & Carmona-Magnaldi N, in Comment construire des situations-problème ?, Coll Hachette Education didactiques, Ed. Hachette, 2002, pp. 47, 165-166.